S’il est possible de se passer de nourriture quelques semaines, l’eau en revanche est indispensable. Bien qu’il soit difficile de déterminer avec précision la durée de survie d’une personne privée d’eau (facteurs liés au métabolisme, à la composition corporelle, au climat, à l’alimentation…), ce qui est certain, c’est qu’en moins de 24 h, les premiers signes de déshydratation surgissent …
…étourdissements, bouche et langue sèches, joues creusées, fatigue, irritabilité, perte d’appétit, discours confus, urine très foncée, pas de larme, etc. Pour le National Health Service du Royaume-Uni, ‘une déshydratation sévère apparaît lorsqu’une personne perd environ 10% de son poids total en eau’.
30 jours sans manger, 3 jours sans boire et 3 minutes sans respirer…
Vous l’aurez compris, la mort intervient rapidement sans eau, d’autant plus rapidement dans certaines circonstances : effort physique important, exposition au froid ou à la chaleur, altitude, brûlures de la peau, maladies provoquant des vomissements ou des diarrhées, etc. Si notre corps a besoin de 2,5 l d’eau par jour en situation normale et région tempérée, il peut en nécessiter bien davantage en situation extrême.
L’eau est donc une priorité absolue lorsque l’on part en trek. Même si vous avez prévu une énorme quantité d’eau, il est important de savoir :
minimiser les pertes corporelles en situation d’urgence,
trouver de l’eau (voire en produire),
identifier si elle est ou non contaminée,
la purifier pour la boire sans risque pour la santé.
Minimiser les pertes d’eau
En situation de survie, réduire ses pertes d’eau est une nécessité. Il faut donc limiter les activités physiques et se reposer le plus possible. S’il fait très chaud, il faut dormir pendant la journée et faire les choses indispensables la nuit. Gardez vos vêtements même si vous transpirez. La transpiration non seulement vous rafraîchit mais permet aussi aux glandes sudoripares de diminuer leur activité.
Pour réduire leurs pertes d’eau, les soldats du British Special Air Service (SAS) suivent des règles simples (Manuel de Survie des Forces Spéciales) : ils se reposent beaucoup, évitent de boire de l’alcool et de fumer, restent à l’ombre, mangent très peu, évitent de parler, respirent par le nez…
Trouver de l’eau
Certains éléments peuvent vous indiquer la proximité d’une source d’eau comme la présence d’abeilles ou de colonnes de fourmis, une végétation plus dense aux espèces variées, des pistes d’empreintes d’animaux, des sols détrempés, des roches fissurées, etc. Un lit de rivière asséché peut parfois révéler des nappes d’eau souterraines en creusant aux extrémités latérales de la rivière, là où l’eau s’est évaporée en dernier.
La pluie est une occasion inespérée de récupérer de grosses quantités d’eau rapidement en situation de survie. En prévision de ces moments, préparez des récipients, des dispositifs pour collecter l’eau : tapis de sol suspendu à 4 piquets sur lequel on a placé quelques pierres pour guider l’eau vers un récipient, grandes feuilles d’arbres, arbre à eau (un tissu que l’on enroule autour d’un arbre et qui s’écoule par le bout dans un récipient), réservoir à eau (creuser un puits large dans lequel on pose un tapis de sol étanche), etc.
La rosée peut aussi être collectée à l’aide d’un tee-shirt en coton ou autre tissu absorbant que vous tordrez ensuite au-dessus d’un récipient. Si l’opération est un peu longue, elle peut être utile en situation extrême. Autre possibilité : le sac à condensation ou condensateur de surface. Inconvénients, il faut beaucoup de sacs en plastique pour espérer boire à sa soif…
Identifier de l’eau potable
Les soldats de l’US Air Force ne collectent pas d’eau qui sent mauvais ou sur laquelle se trouvent des bulles ou de l’écume. Certaines sources peuvent être un véritable poison pour l’homme. Il faut vraiment être très prudent et éviter l’eau trouble ou stagnante mais aussi les nappes où prolifèrent les roseaux et les massettes (roseau des étangs).
Purifier l’eau
Plusieurs solutions existent pour purifier l’eau en randonnée ou en situation d’urgence, toutes avec leurs avantages et inconvénients. L’ébullition. Les filtres à membrane ou à cartouche, avec ou sans charbon actif. Les pastilles chimiques (Micropur Forte, Aquatabs…). La purification UV.
Le choix d’un système de purification plutôt qu’un autre dépend du type de contaminant que vous risquez de rencontrer lors de votre trek, de sa rapidité, de son poids, de votre budget, etc.
Il est possible de combiner les systèmes pour plus de sécurité en situation extrême : filtre + purificateur chimique, ébullition + filtre… Dans tous les cas, il est utile d’avoir des solutions de rechange au cas, et oui ça arrive, où votre filtre se bouche par exemple. Pensez aussi à vous laver les mains. C’est tout aussi nécessaire que de filtrer et purifier l’eau !